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Les petites lettres

Les petites lettres

Petites histoires de gens ordinaires et extraordinaires par Odile Lasmarrigues


La princesse qui n'aimait pas les saisons

Publié par Odile Lasmarrigues sur 31 Mars 2019, 14:59pm

Catégories : #Le coin des enfants

Illustration Julie Caillebotte.

Illustration Julie Caillebotte.

Il était une fois, dans un château du pays imaginaire, une princesse tout à fait spéciale. C’était une princesse qui n’aimait pas les saisons. Elle n'aimait pas le printemps, détestait l’été, ne supportait pas l'automne et ne voulait pas entendre parler de l'hiver.

Cette princesse, tu le comprends bien, était une drôle de princesse.

 

Son père le roi, se désolait de la voir rester dans le château tous les jours de l'année. Jamais elle ne sortait, jamais elle ne courait, ni ne grimpait dans les arbres.

 

Quand arrivait l'hiver, la princesse ne voulait même plus s'approcher des fenêtres de sa chambre. Elle craignait d’attraper froid quand elle voyait la neige tomber dans le parc du château. Elle n'aimait pas le vent et avait peur de se mouiller les pieds.

 

  • Ma petite fille chérie, dit le roi, pourquoi ne vas-tu pas jouer avec les autres enfants dehors à la luge ?

  • Ah, ça non, roi papa, je préfère rester près de la cheminée et jouer à la luge sur ma tablette !

 

La princesse passa tant de temps à l’intérieur, que sa peau devint pâle et fragile.

 

Le roi, inquiet, organisa un grand conseil au château. Il réunit la reine, le majordome, la maîtresse, le valet et la couturière.

 

  • Mes amis, dit le roi, nous avons un grand problème, comment faire pour que la princesse sorte en hiver ?

  • Nous n'avons qu'à la pousser de force, dit le valet.

  • Nous n'avons qu'à lui bander les yeux, dit la maîtresse.

  • Et si nous l’installions dans un carrosse au milieu du parc ? proposa la reine

  • Non non non, vous n’êtes que des cornichons ! dit le roi. J'ai une bien meilleure idée, Couturière, tu vas lui confectionner un habit garni des plus chaudes et des plus douces fourrures. Tu la couvriras des pieds à la tête, je veux voir toute sa peau recouverte.

 

La couturière s'affaira et la princesse se rhabilla.

 

La petite princesse sortit pour la première fois pendant l'hiver et elle n'eut pas un instant l'impression d'avoir froid. Il faut dire qu'elle ressemblait à une grosse boule tellement ses habits étaient moelleux et chauds.

Elle rejoignit les enfants du village et put, pour la première fois de sa vie, jouer à la luge et confectionner des bonhommes de neige. Elle rit tellement qu'elle en fit pipi dans sa culotte en laine !

 

Quand arriva le printemps, la petite princesse commença à bouder dans son coin. Elle savait qu'à cette saison, les petites bêtes sortaient et grimpaient partout sur les bras et les jambes. Celles qui ne marchaient pas volaient près de sa tête et c’était pour elle encore pire que tout.

 

 

  • Ma petite fille chérie, dit le roi, pourquoi ne vas-tu pas jouer avec les autres enfants dehors, étudier les insectes et observer les fleurs qui poussent ?

  • Ah, ça non, roi papa, je préfère rester sur le canapé et regarder la vie des insectes à la télévision !

 

La princesse passa tant de temps à l’intérieur, que son nez en perdit l'odorat.

 

Le roi, inquiet, organisa un grand conseil au château. Il réunit l’écuyer, la bonne, le fermier et le pharmacien.

 

  • Mes amis, dit le roi, nous avons un grand problème, comment faire pour que la princesse sorte au printemps ?

  • Nous n'avons qu'à la pousser de force, dit la bonne.

  • Nous n'avons qu'à lui bander les yeux, dit l'écuyer.

  • Et si nous l’installions dans un carrosse au milieu du parc ? proposa le fermier.

  • Non non non, vous n’êtes que des cornichons ! dit le roi. J'ai une bien meilleure idée, Pharmacien, tu vas lui fabriquer un parfum qui fera fuir les insectes et tu l'en imprégneras des pieds à la tête.

 

Le pharmacien s'affaira et la princesse se parfuma.

 

La petite princesse sortit pour la première fois au printemps et put admirer les jolis papillons qui virevoltaient autour des fleurs. Elle découvrit des centaines d'insectes qu'elle ne connaissaient pas et vit la nature se réveiller après l'hiver. Ses joues redevinrent roses et elle put profiter de l'odeur de la forêt.

 

 

Quand arriva l'été, la petite princesse ne voulut pas quitter sa chambre. Elle avait tellement peur d'avoir chaud qu'elle restait toute la journée pied nus et en maillot de bain. Elle avait installé une balançoire entre les barreaux de son lit et s'en servait pour se rafraîchir en se balançant très haut et très fort.

 

 

  • Ma petite fille chérie, dit le roi, pourquoi ne vas-tu pas profiter du beau temps dehors, nous pourrions ensemble pêcher du poisson et ramasser les œufs des poules.

  • Ah, ça non, roi papa, je sais très bien que les poissons vivent dans le frigidaire et que les œufs se trouvent dans des boites ! Et puis j'ai peur d'avoir soif et de transpirer. Il fait trop chaud dehors !

 

La princesse passa tant de temps à l’intérieur, que ses jambes devinrent molles comme des spaghettis trop cuits..

 

Le roi, inquiet, organisa un grand conseil au château. Il réunit le comptable, le facteur le jardinier et la cuisinière.

 

  • Mes amis, dit le roi, nous avons un grand problème, comment faire pour que la princesse sorte en été ?

  • Nous n'avons qu'à la pousser de force, dit le comptable.

  • Nous n'avons qu'à lui bander les yeux, dit le facteur.

  • Et si nous l’installions dans un carrosse au milieu du parc ? proposa le jardinier.

  • Non non non, vous n’êtes que des cornichons ! dit le roi. J'ai une bien meilleure idée, Cuisinière, tu vas lui installer des sacs de glaçons sur son maillot de bain pour la rafraîchir et on lui donnera une ombrelle et des lunettes de soleil.

 

La cuisinière obéit et la princesse se refroidit.

 

La petite princesse sortit pour la première fois en été et put aller cueillir les fruits sur les arbres du verger. Elle profita de la beauté des fleurs et du chant des oiseaux. Ses jambes redevinrent solides et elle réussit enfin à grimper aux arbres.

 

Quand arriva l'automne, la princesse commença à avoir le cafard. Les feuilles qui tombaient des arbres lui donnaient le bourdon. Elle avait beau se secouer les puces, elle n'avait goût à rien et passait son temps à regarder les mouches voler..

 

 

  • Ma petite fille chérie, dit le roi, pourquoi ne vas-tu pas ramasser des châtaignes dehors ?

  • Ah, ça non, roi papa, je n'ai pas le moral, l'automne me déprime.

 

La princesse passa tant de temps à l’intérieur, que sa tête finit par ressembler à une endive.

 

Le roi, inquiet, organisa un grand conseil au château. Il réunit la reine, le majordome, la maîtresse, le valet, la couturière, l’écuyer, la bonne, le fermier, le pharmacien, le comptable, le facteur, le jardinier et la cuisinière.

 

 

  • Mes amis, dit le roi, nous avons un grand problème, comment faire pour que la princesse sorte à l'automne ?

  • Je ne sais pas, dit la reine

  • Moi non plus, dit le majordome.

  • J'ai le cafard aussi, rajouta la maîtresse.

  • Moi, je n'ai pas envie de sortir, répondit le valet.

  • Je n'ai pas fini mes chaussettes, murmura la couturière.

  • J'ai trop de travail, répliqua l’écuyer.

  • Je dois tout nettoyer, dit la bonne.

  • Je n'ai pas trop le moral, se plaignit le fermier.

  • Je pense que j'ai un rhume, affirma le pharmacien.

  • Il faut compter les sous, suggéra le comptable.

  • Moi, je dois livrer des lettres, rétorqua le facteur.

  • Et moi ramasser les feuilles, ajouta le jardinier

  • Que voulez vous manger pour le dîner ? demanda la cuisinière.

  • Nom de nom ! Quelle bande de cornichons! dit le roi. Pas un ne trouvera la solution !

 

Le roi s'enferma dans son bureau et fit les cents pas. Et puis cent-un, cent-deux, cent-trois. Au cent-neuvième, il fit un bond.

 

  • Nom d'un hérisson, je crois que j'ai la solution !

 

Il alla voir le garde forestier, et lui dit :

  • Mon ami, j'ai besoin de toi de toute urgence. Va dans la foret et retrouve la Reine Mère, elle seule peut nous aider à sauver la princesse.

 

Le garde forestier prit des chiens de chasse et chercha la Reine Mère au milieu des arbres centenaires. La mère du Roi était très vieille et très sage et elle avait décidé de vivre dans la forêt il y a de ça très longtemps.

 

Quand le garde la retrouva, elle était couverte de mousse.

 

Parvenue au château, elle demanda à rester seule avec la princesse.

 

  • Ma jolie princesse, pourquoi ces yeux si tristes ?

  • L'automne me donne le cafard. On dirait que les arbres meurent. On dirait que la nature pourrit. Le vent souffle fort et les oiseaux ont faim.

  • Les arbres ne sont pas en train de mourir bon petit bijou, bien au contraire. Tu sais, l’automne est ma saison préférée.

  • Pourquoi cela , mamie reine ?

  • A l'automne, la nature a déjà donné toute sa splendeur, toute sa beauté. Les arbres ont offert leur feuilles au printemps, leurs fruits à l'été et maintenant que vient l'automne, ils regardent depuis leur cime le miracle de leur labeur. Les feuilles tombent, bien sûr, mais elles permettent en pourrissant de nourrir la terre pour que, après le repos de l'hiver, de nouvelles plantent y puisent leur force. Il y a des merveilles à chaque saison. Tout n'est que recommencement, chaque année. La nature suit son propre rythme et entraîne avec elle la valse des insectes et des animaux. Il n'y a pas d'animal malheureux dans une nature saine. Tout n'est qu'abondance.

  • Tu as raison mamie reine, mais comment faire pour retrouver le moral ?

  • Pare toi de la couleur des arbres, mets de l'or dans ton cœur et tu verras que toi aussi tu deviendras une terre riche pour que germent les graines de ton bonheur.

 

 

Et c'est ainsi que la princesse qui n'aimait pas les saison, abandonna les écrans et le confort du château pour découvrir le monde et vivre de belles aventures.

 

 

NB: Je recherche des artistes amateurs pour illustrer ce conte. Si cette histoire réveille votre créativité, contactez moi!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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