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Les petites lettres

Les petites lettres

Petites histoires de gens ordinaires et extraordinaires par Odile Lasmarrigues


Je suis là

Publié par Odile Lasmarrigues sur 3 Avril 2015, 18:37pm

Catégories : #Société

Je suis là maman, regarde-moi, tu n'es pas toute seule. Je suis triste maman, de te voir si fragile. Je ne suis pas bien grand, mais s'il le faut, je te défendrai contre cet homme qui n'est même pas mon père.

Pourquoi tu te laisses faire comme ça ? Pourquoi tu lui permets d’être si dur avec toi ? Je t'entends tu sais, la nuit, je t'entends étouffer tes larmes dans ton oreiller quand il n'est pas là quand tu penses que la maison dort. Je veille. Je souffre avec toi.

Tu étais si belle maman, si lumineuse, si joviale. Tu étais la plus belle des mamans de l’école, j'en étais si fier. Et puis tu l'as laissé entrer dans notre famille. Nous étions heureux pourtant tous les deux. Nous n'avions besoin de personne même si l'argent ne coulait pas à flot...

Peu à peu, ton sourire s'est crispé et tes yeux se sont éteints. A présent tu serres les dents et je n’entends plus de rire dans ta gorge.

Ce n'est pas ça l'amour maman, je n'y connais pas grand-chose, mais je sais que ce n'est pas ça. Je vois bien comment tu es avec moi et avec mes petites sœurs qui sont venues gonfler ton ventre. Cet homme-là ne t'aime pas, il se sert de toi pour mieux t’écraser. Il t'a rendu vulnérable et dépendante de lui. Doucement, jour après jour, il t'a isolé. Pourtant maman, tu avais de belles idées sur la vie, tu aimais les gens, tu aimais donner... tu sembles si sèche à présent.

Si maigre aussi.. tu disparais peu à peu. Est-ce que c'est pour qu'on ne te remarque plus? Mais moi je te vois maman! Réagis, fais le pour moi, fais le pour elles, montre à mes sœurs qu'une femme n'est pas un tapis où les hommes peuvent s’essuyer les pieds. Apprends leur l’indépendance et la révolte. Tu m'as appris la douceur à moi.. Je te le promets, je ne deviendrai pas comme lui. Ma femme, je la respecterai, je la chérirai, je l'aiderai à s’épanouir comme elle le veut. Je lui dirai qu'elle est belle à l’intérieur, je lui dirai qu'elle compte.

Il trompe son monde. A l'extérieur, il a l'air si doux. Mais moi je vois bien comment il te traite...

Pourquoi tu ne réagis pas? Est-ce que c'est la honte qui te paralyse? Ou bien est-ce que tu trouves que c'est normal de vivre comme tu le fais? Ne sens-tu pas au fond de tes entrailles que tu es encore vivante? Il ne t'a renvoyé qu'une image fausse de toi. Il t'a mis à sa merci. Tu es devenue sa chose, l’épouse exemplaire, docile. Tu ne le gênes pas, tu n'as plus de réflexion.

Pourquoi tu ne pars pas? Mes valises sont prêtes, depuis longtemps, depuis le moment où j'ai compris qu'il ne s’arrêtera pas. Est-ce que c'est pour nous que tu restes? On n'a pas besoin de son argent, on se débrouillera. Je t'aiderai, je serai grand bientôt. Ce sera moi l'homme de la famille, je vous protégerai à toutes.

Tu es forte maman, tu peux tout recommencer, tu as l’énergie au fond de toi. Mais réveilles-toi!!

Veux-tu encore de cette vie en apnée à guetter son pas dans l'escalier? Tu sais, après les coups de blues viendront les coups de poing. Ces hommes-là ne savent pas se contenir. Leur besoin de domination est trop grand.

Ne culpabilise pas. Nous aussi on est fort même si on a grandi trop vite en entendant vos cris. D'ailleurs, tu ne cries plus. Tu t'es tue, tu t'es résignée. Il a gagné aux dépens de ta joie de vivre.

Allez, on y va maman, à nous tous on va y arriver. Rien n'est perdu, la vie est longue, la vie est belle. Tu trouveras celui que tu attends depuis si longtemps. Laisse celui-là se détruire lui-même.

Le bonheur n'est pas dans la contrainte. Libère toi, libère nous.

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V
Frissons...<br /> Texte que j'ai envie de crier à toutes celles et ceux qui se sont emprisonnés de l'autre, qui n'ont pas la conscience , la clairvoyance,ou l'énergie de s'en libérer pour vivre!<br /> NB, je voudrais bien aussi un fils aussi sage ;)
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M
on a presque envie d'une autre photo qui donne le pendant avec celle de la bouche cousue et qui évoque la voix de l'enfant (?) de l'ado (?) tellement cette image est forte et prend le dessus sur tout le texte. L'image devient l'autre titre, le pendant du "je suis là" <br /> Elle plante dans l'âme du texte tout le sens de la mutilation. Elle évoque aussi le sexe cousu. <br /> Du coup, d'un coup, "bouche cousue" cette expression tant utilisée m’apparaît terrible de sens. Il faut des mots tenus par un fleuve de révolte, une incantation du phrasé, une poésie pour ouvrir les yeux et surtout donner la place du père. Merci Odile
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