L'atmosphère pesante, presque moite, lui procurait une sensation qu'elle ne parvenait pas à définir. Comme engourdie, sa tête lui semblait lourde et la chaleur qu'elle sentait monter le long de sa colonne n’était pas étrangère à cette indolence.
Malgré ses efforts, elle ne décelait rien autour d'elle, son regard cherchant à percer les ténèbres qui l'entouraient. Où était-elle ? Depuis combien de temps ? Pourquoi était-elle recroquevillée sur elle même, totalement nue ? Ces questions ne trouvaient pas de réponses.
Elle était là, comme suspendue dans l’espace et le temps sans qu'aucun souvenir ne puisse lui donner d'indication.
Pourtant, dans cet apparent chaos, il émanait de son cœur une confiance absolue, une joie inconditionnelle. Elle était en sécurité, elle le sentait.
Soudain, elle perçu un mouvement près d'elle, comme une masse, un corps chaud qui ondulait près du sien. Elle plissa ses paupières pour déceler une image mais sa vue était brouillée, et sa tête lui semblait de plus en plus lourde. Avait-elle été droguée ?
Elle fournit un effort considérable mais elle ne put l'atteindre avec sa main.
Les bruits autour d'elle l’empêchaient de réfléchir, d’élaborer un stratagème pour sortir de cette situation totalement incongrue. Ces bruits sourds, presque aquatiques prenaient soudain une tessiture plus grave résonnant alors comme dans une cathédrale.
Elle sentit sur sa cuisse monter comme une caresse. L'autre était là, l'autre s'était approché d'elle. Lentement ce frôlement remontait le long de son corps, jusqu'à s'attarder au niveau de son visage. Cet autre l'explorait, détaillait les contours de son être. Elle n’éprouvait aucune crainte, ressentant chaque geste dans un infini abandon.
Elle put elle aussi reconnaître sous ses doigts la forme d'un nez, puis d'une oreille, d'une bouche.. Commença alors une danse, où s’entremêlèrent tendrement leurs doigts, leurs jambes et leurs corps tout entier. Quel était donc cet être, qui se comportait comme un miroir en face d'elle ? D'où venait ce rêve dont elle ne parvenait pas à s'extraire ? Tout semblait à la fois si irréel, mais pourtant si intensément vivant, à l'image ces parois autour d'elle dont la consistance se modifiait en permanence.
Puis, dans une douceur absolue, elle cessa toute quête de sens, s'abandonnant à l'instant..
L'homme habillé de blanc détourna les yeux de son écran et se retourna vers sa patiente :
« Rassurez vous Madame, vos jumelles sont en parfaite santé »